mardi 26 mai 2015

FICHE N°2 : Cerner ses phobies d'impulsion pour mieux les vaincre (auto-observation TCC)

Afin de bien comprendre ce qui vous fait peur et voir si vous avez des rituels de réassurance, il est utile de coucher sur le papier vos pensées. Ce n'est pas parce que vous allez les noter qu'elles vont devenir réalité, mais cela vous permettra d'analyser ce qui vous fait peur et de prendre de la distance par rapport à vos pensées obsessionnelles.
Pour cela, vous allez tenir un journal de bord pendant quelques semaines.
Vous allez noter vos pensées obsessionnelles, les situations qui les déclenchent...

J'avais réalisé ce tableau avec ma psychiatre et cela m'a été très utile pour comprendre ce qui me faisait peur.

Faites un tableau avec 6 colonnes : - Dans la 1ère colonne, notez le contexte qui déclenche vos pensées (seul(e), avec conjoint, bébé,à la maison, je ne fais rien, je suis occupé(e)).

- Dans la 2ème colonne, notez vos pensées, votre monologue intérieur ainsi que le pourcentage de croyance à vos pensées : "J'y crois à 10% ou à 80%")

- Dans la 3ème colonne, notez votre comportement : Que faites-vous? Vous évitez une situation? Vous partez de la pièce?

- Dans la 4ème colonne, notez vos sensations physiques : ce que vous ressentez. Êtes-vous oppressé(e)? Avez-vous une boule dans l'estomac?

- Dans la 5ème colonne, notez votre niveau d'anxiété sur 1 à 10;

- Dans la 6ème colonne, notez ce que vous devriez vous dire normalement : "Je n'ai pas de raison d'avoir peur..." 

==> Ce tableau doit être rempli sur le moment ou 2 heures après. Pas plus.
Vous allez ainsi voir ce qui déclenche vos pensées et quelles sont celles que vous craignez le plus.

La 1ère fois que j'ai eu des phobies d'impulsion, je traversais une période difficile de ma vie : avortement, concours. Bref, c'était l'horreur. J'étais hyper anxieuse et c'est arrivé un soir où j'enlaçais mon conjoint et je me suis vue en train de l'étrangler. J'ai eu cette vision pendant des jours, et j'en ai eu d'autres qui sont arrivées. C'était terrible. J'avais très peur.
Peur de moi-même, de ce que j'étais, de ce que je pouvais faire.
"Pourquoi cela m’arrivait à moi?"

Je me suis renseignée sur internet pendant de longues heures et j'ai découvert ce dont je souffrais : les phobies d'impulsion.
Pendant plus d'un an, j'avais peur des couteaux, des fourchettes, des ciseaux, des sacs en plastique, je n'osais plus regarder le journal télévisé, des séries policières ou des films d'horreur. C'était intenable. J'avais l'impression de devenir folle.

Et puis, j'ai beaucoup lu sur la TCC et j'ai compris qu'il ne fallait pas éviter les situations dont on avait peur. Alors je me suis forcée à regarder des films, à jouer avec des couteaux...
Et puis, c'est passé.

Mais c'est revenu. 3 ans après. Avec une violence extrême.
Je bossais énormément les soirs et les week-end, j'étais très stressée. Et puis, mes phobies d'impulsion se sont déclenchées. C'est drôle j'avais oublié tout mon bon sens, tout ce que j'avais appris dessus.
Comme si c'était la première fois que ça m'arrivait.
J'étais extrêmement angoissée : j'ai fait ma première crise de panique.
Et oui, comme si ce n'était pas assez compliqué, un autre problème est venu se greffer : le trouble panique. CHARMANT.


Lorsqu'elles sont revenues j'aurais du consulter tout de suite ma future psychiatre spécialiste en TCC, je pense que j'aurais évité de développer ce trouble panique. J'ai cru que je pouvais y arriver seule. J'ai attendu 2 mois durant lesquels j'ai vécu dans l'angoisse. Et puis, j'ai fini par appeler.

==> Ce rendez-vous a été un immense soulagement : je n'étais ni schizophrène, ni folle, juste très anxieuse. J'ai pleuré des litres de larmes et nous avons commencé la TCC. Heureusement.

Sans anti-dépresseurs et sans anxiolytiques. Elle m'a sauvée.

Le plus dur n'a pas été de vaincre les phobies d'impulsion au final mais plutôt le trouble panique. Comme quoi...
Cela a mis quelques mois je dirais (2 mois je pense).

Et puis c'est revenu après mon accouchement.

La fatigue est un déclencheur évident chez moi tout comme les périodes de stress, de surmenage
. Mais cette fois-ci, je n'en avais plus peur. Je lui en ai parlé, on a dédramatisé la situation et très vite tout est rentré dans l'ordre.
Là, cela fait 2ans que je suis tranquille, malgré de grosses périodes de stress au boulot.
Donc je croise les doigts. Je sais par contre, que je ne suis pas à l'abri d'une rechute, mais cela ne me fait plus peur.
D'autres fiches sur les phobies d'impulsion vont arriver dans les prochains jours.
En espérant que certain(e)s trouvent des solutions et du réconfort.
==> Ne désespérez pas, l'enfer a une fin même si on croit qu'on va vivre avec toute sa vie...

FICHE N°1 = Les phobies d'impulsion : qu'est-ce que c'est?

Les phobies d'impulsion qu'est-ce que c'est?

Ce sont des idées intrusives, des pensées qui arrivent sans qu'on s'y attende, qui vous envahissent de façon obsessionnelle et dont vous avez peur.
Cela arrive un jour, sans crier gare et vous pensez devenir fou.

Pourquoi?


Car vous avez des pensées terribles et culpabilisantes : vous vous voyez vous jeter du balcon, foncer sur quelqu'un en voiture, poignarder ou étrangler votre conjoint, balancer votre bébé contre le mur ou l'étouffer dans les couvertures, dire des insultes en public, avoir un comportement déplacé... 

Ce sont des images horribles qui s'impriment dans votre esprit et qui tournent en boucle.
Vous avez peur.
Vous commencez à douter de vous
: "si je pense cela, cela veut dire que je suis capable du pire? Si je pense cela, cela veut dire que j'ai envie de le faire? Ce n'est pas normal de penser des choses comme cela! Je suis fou ou folle. Mais qu'est-ce qui m'arrive?"

Alors, afin de vous débarrasser de vos pensées, vous allez lutter des heures et des heures pour éviter d'avoir ces affreuses pensées.
Mais, en voulant les chasser vous allez les renforcer. Elles vont être de plus en plus présentes.
Et vous allez en avoir de plus en plus peur.

Vous ne pouvez en parler à personne car toutes les personnes "normales", même vos proches, vous direz que vous êtes anormales et que vous devriez vous faire soigner.

De fait, vous vous renfermez, vous culpabilisez et vous avez honte.


Vous allez commencer à vous demander si vous ne devenez pas fou, si vous n'êtes pas schizophrène ou psychopathe.
Vous allez développer de l'angoisse car vous allez avoir peur de vous-même et de ce que vous pourriez faire.
"Et si je passais à l'acte?" "Peut-être que ce sont de vraies pensées? Peut-être que j'ai réellement envie de le faire?"

==> Sauf que tout cela est faux. Ce sont des phobies d'impulsion. Des pensées intrusives qui vont venir vous hantez sans cesse et que vous allez renforcer sans vous en rendre compte.


Tout le monde a des pensées de ce genre, sauf que les gens n'y prêtent pas attention
: on a peur de renverser une tasse de café sur son enfant, de rouler trop vite et de mettre la voiture dans le fossé, de faire quelque chose sans faire exprès.
Sauf que, chez les gens qui souffrent de phobies d'impulsion, un jour où vous étiez anxieux, votre cerveau a pris un mauvais chemin et vos pensées ont pris trop de place, vous les avez prises au 1er degrés, pour argent comptant.

Et là, le doute a commencé et les questions interminables aussi : Et si? Et si?

Vous allez sentir une anxiété démesurée et vous allez être épuisé(e) à force de lutter contre vos pensées. Question de survie mentale et de défense. Rien de plus normal.

Rassurez-vous, vous n'êtes pas fou ou folle! Vous êtes au contraire très normal(e).

Comme me l'a dit ma psychiatre, une personne démente ne culpabiliserait pas et n'aurait pas peur de ses pensées. Vous êtes seulement une personne hypersensible et très anxieuse. Vous souffrez de troubles obsessionnels. Cela se soigne. Et même très bien. Je n'en souffre plus désormais. Ce ne sont que des pensées. Rien de plus.